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mardi 1 septembre 2015

De la daimoncratie à la démopraxie 8

De l'école au café ou nécessité du jeu en pédagogie




Au micro de Shems FM, le ministre de l'Éducation nationale a ironisé sur une école qui fait aussi office de café : c'est une école postmoderne, a-t-il raillé !

Pourquoi donc une école ne ferait pas office de café, quand le café est littéraire et/ou philosophique, M. Jelloul ?

L'école en postmodernité

La postmodernité est une réalité incontournable et nos écoles doivent y évoluer. L'école de papy où le maître est le centre du savoir, ayant tous les pouvoirs, est périmée. N'a-t-on pas vu une institutrice humilier un élève, le menaçant de baisser son pantalon ?

Comment alors s'étonner que les élèves agressent à leur tour leurs enseignants  qui ne veillent pas à un minimum de dignité dans leur comportement ?

Aujourd'hui, l'école postmoderne se doit d'être un centre d'échange, car l'élève sait parfois bien mieux que le maître et il pourrait avantageusement se substituer à lui sur certains secteurs de la vie. Nos enseignants sont-ils prêts à pareille humilité ?

Un café littéraire faisant école et une école faisant café philosophique, voilà bien le sens de l'histoire si on veut révolutionner nos méthodes pédagogiques et éviter que le niveau éducatif tombe encore plus bas qu'il ne l'est.

Le savant vrai est l'ignorant qui apprend

Une révision déchirante de nos mentalités est nécessaire; il nous faut sortir de notre dogmatisme antédiluvien d'un savoir docte dispensé par des tenants d'une vérité infuse.

Il n'y a aujourd'hui qu'une Docte ignorance et les « sachants » ne sont plus les bien-pensants, mais tout un chacun animé de bonne volonté et épris de savoir.

Il est temps, M. le ministre, que l'Éducation nationale sache que le vrai savant est juste un ignorant qui apprend. Et il n'apprendra jamais assez.

C'est donc un coup de force que nécessitent nos écoles, en faire de ces lieux « qu'anime l'esprit du jeu et qui s'enracinent dans un sol qui défie la durée » comme dirait un vrai connaisseur hors pair de notre pays, Jean Duvignaud. Il disait d'ailleurs que « le jeu est une sorte de coup de force : au milieu du clair-obscur de la vie quotidienne, il lance un défi à la stagnation du monde ».

Notre Éducation nationale a besoin d'un sérieux processus en maturation d'une innovation épistémologique à la manière de découverte de la perspective venant bouleverser l'ordre pictural établi, régénérant des systèmes en décadence étroitement imbriqués. En pédagogie, ce serait l'admission que le jeu est nécessaire dans la vie scolaire ; il assure la pérennité de la cohésion sociale, aidant les solidarités à se régénérer.

Apprendre en jouant

Quelle meilleure façon, en effet, d'apprendre que de le faire en s'amusant? Le jeu, en notre époque postmoderne, n'est plus perçu comme pure plaisanterie, le jocus du latin classique ; il est sérieux et même sérieusement ludique.

On parle même de jeux sérieux, les fameux serious games, dans le monde de l'éducation surtout, mais aussi de la médecine et d'autres sciences. La pédagogie du ludique ne fait plus de doute; jouer quand on y prête assez attention peut être synonyme de prévenir, ce qui est toujours mieux que guérir.  

Le jeu est même permanent dans la vie, surtout en politique, jeu de la cité en quelque sorte. Et le jeu est intimement lié à la personne qui joue, non seulement à son jeu, mais aussi à son moi, son je. Alors vous seriez bien inspiré de veiller à ces que les cadres de l'Éducation nationale cessent de jouer le faux jeu du moi, s'adonnant plutôt au vrai jeu du je et/ou du jeu.

Jean Duvignaud, pour le citer de nouveau, insistait sur la nécessité du jeu dans la vie en général, y compris celle des adultes. Parlant du jeu du jeu, il affirmait que notre civilisation étouffe sous les règles, les structures, les concepts au service du souci utilitaire. Dénonçant l'occultation du jeu, du rêve et de l'imaginaire, il a spécifié ce besoin de jeu se manifestant souvent de façon inconsciente lors des « parleries » des sociétés traditionnelles, si décriées par les esprits dits savants. Or, quel meilleur endroit à « parlerie » que nos cafés ?

Vivement des cafés-écoles et des écoles-cafés, M. Néji Jelloul ! Vous n'y échapperez pas, car c'est l'esprit de l'époque postmoderne qui le commande !

 Publié sur Al Huffington Post