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vendredi 14 juin 2013

La voix du peuple 8

Dictature en vue !


Les clignotants sont au rouge :

Les derniers procès d'opinion en Tunisie ont été des procès d'intention pour l'esprit révolutionnaire dans notre pays. Ils ne laissent plus de marge au doute, même le plus simplement méthodique : la Tunisie officielle, élitiste, minoritaire et privilégiée s'engage résolument contre tout ce qui demeure essentiel et majoritaire en ce pays bien que toujours à l'état informel.
Cela avait déjà commencé avec nombre d'indices dont le plus grave fut la poursuite de la politique économique de la dictature déchue, résumée par le prêt auprès du FMI qui n'a pour conséquence que d'approfondir la fracture sociale dans le pays.
Cela s'est poursuivi par la relaxe de délinquants, au sens d'auteurs de délits et d'infractions punies par la loi et la morale, et ce en prenant illégitimement en compte leur fausse lutte pour des valeurs viciées, détournées de leur vérité.  
Et cela continue avec la répression féroce des libertés d'expression par les jugements dans les affaires Femen, Weld 15 et les poursuites engagées contre Amina. C'est la Tunisie profonde, juste, tolérante mais non moins impertinente, qui est ainsi maltraitée dans ses fondamentaux, notamment son irrépressible attachement à son droit à la dignité, à la liberté et à l'honneur.
C'est la conscience des femmes et hommes libres, militants des valeurs universelles, qui est ainsi violée. Une alarme est en train de retentir sur notre sol et des odeurs nauséabondes de l'ordre dictatorial y chassent les senteurs du jasmin et des oeillets. Des feux qui ne sont plus à l'orange rougeoient, car tous les indicateurs du danger imminent clignotent; et le coeur de la Tunisie bat la chamade : volera-t-on ainsi au peuple sa Révolution? Le régime liberticide se relève, tel un revenant, et il revient hanter les allées du pouvoir; tel un vampire, il veut de nouveau sucer le sang du peuple; et la dictature est en vue !
Le 18 juin, la dernière illusion de certains pour protéger la révolution tombera et un nouveau signe sera donné; à l'Assemblée Nationale Constituante; la loi dite d'immunisation de la Révolution ne passera pas. Certes, c'est une loi maladroite et imparfaite en son état actuel, mais elle a le mérite de résumer une attente majeure du peuple tunisien : sa faim de coupure définitive avec l'ordre ancien et ses représentants, le besoin d'écrire, pour de bon, le mot FIN de cette page tournée définitivement de son histoire, en déclarant mort et enterré le passé ignoble avec ses symboles et qui veut survivre artificiellement, quitte à s'acharner à violenter le peuple au nom d'une minorité de privilégiés de tous ordres.
Le parti majoritaire, dont dépend nolens volens l'évolution des choses dans le bon ou le mauvais sens, prend le risque de se désolidariser de son soutien indéfectible, auteur et partisan acharné de ce projet. Il tourne casaque, cédant aux sirènes du pouvoir, ces fameux délices de Capoue auxquels avait bien cédé un illustre général d'antan. C'est qu'il ne veut plus quitter le pouvoir au fallacieux prétexte qu'il risque de disparaître tout bonnement en dehors de la machinerie de l'autorité officielle. Aussi continue-t-il à louvoyer, quitte à céder sur certains de ses principes, en s'alliant au diable s'il le fallait plutôt que d'avoir à quitter ce qu'il considère comme son assurance-vie, sa planche de salut. 
Or, tout cela ne fait que réunir les ingrédients dont l'issue fatale est le retour d'un régime de dictature s'appuyant sur une banalisation de plus en plus constatée de comportements encore prégnants dans la mentalité tunisienne du fait du long règne de la dictature.  

La banalité du mal :    

En effet, s'il est une capacité bien particulière au peuple tunisien, c'est bien celle de son adaptation à toute situation, la meilleure comme la pire; il suffit que la situation s'installe dans la durée pour qu'il s'y laisse aller par une sorte d'idiosyncrasie le portant à accepter l'inévitable, cette sorte de fatalisme réaliste, une adaptabilité excessive. Cela rappelle le personnage de Leonard Zelig campé par Woody Allen au cinéma dans l'un de ses films les plus personnels
Homme caméléon, capable de toutes les transformations, physiques comme psychologiques au contact d'autres personnes et ainsi de se fondre dans le décor, il lui suffisait d'être en contact avec quelqu'un ou quelque chose pour en épouser immédiatement les caractéristiques. Mais si Allen dans son oeuvre, sous forme de faux documentaire, joue des films d'actualité pour simuler un destin factice, avec la faculté étonnante d'adaptation du Tunisien, c'est la fiction qui rejoint la réalité et devient vérité. Ainsi en serait-il, du fait de cette adaptabilité outrancière, de la dictature en Tunisie qui, bien que supposée définitivement abolie en Tunisie, se prépare à revenir au galop, tirant profit du laisser-aller en Tunisie à un désenchantement général à l'égard de la Révolution et ses acquis en termes de libertés.
Si l'on n'y prend garde, le pire est vite arrivé en Tunisie du fait de cette exacerbation de l'aptitude susmentionnée à l'adaptation. Pareillement, si on ne cherche pas à imposer le meilleur et y croire pour le faire advenir et surtout durer, le Tunisien pourrait ne pas arriver à s'y adapter, son talent d'adaptation nécessitant que la situation à laquelle il doit s'habituer soit inscrite dans la durée.
C'est pourquoi il est nécessaire d'avoir de la foi en Tunisie pour les combattants des libertés et des droits de l'Homme, la foi permettant d'agir pour les valeurs auxquels on croit et de réussir à les imposer pour arriver à les faire tenir quelque temps, ce laps de temps nécessaire au Tunisien de s'adapter à la nouvelle donne. Alors, et alors seulement, on peut considérer la bataille des libertés gagnée et ce tant que durera la foi en sa durabilité. 
On sait désormais que s'il y a totalitarisme et dictature, ce n'est que du fait de la déshumanisation des serviteurs de cette dictature et la banalité du mal qui peut prendre des formes variées, de la dictature telle qu'on l'a connue chez nous au conformisme obtus et liberticide des démocraties, même en Occident, du fait que l'homme n'est plus humain, se transformant en machine.
Comme l'a démontré Hannah Arendt les totalitarismes ne sont pas juste ceux qu'on connaît : Nazisme, fascisme, théocraties, etc.; ils peuvent également être un système formellement et réellement démocratique et ce par le biais de la soumission à une pensée commune, où la pensée non-conformiste est bannie, le citoyen n'étant plus que ce type normal et ordinaire ne faisant que son devoir d'obéir aux ordres, s'appliquant à mettre toutes ses vertus dans cet acte d'obéir, et donc dans le fait d'honorer ses obligations, même et y compris envers une dictature la plus honnie.
C'est cette incapacité d'aller jusqu'au bout de notre logique, cette peur de se mettre au ban de la société pour anticonformisme qui nourrit les dictatures. C'est le conformisme qui est à l'origine d'une sorte de lâcheté inconsciente encouragée par le réflexe d'autocensure que l'on rencontre partout.
Or, en Tunisie, les nuages n'ont jamais été aussi gros et menaçants dans le ciel politique du pays; et ce n'est rien de moins que le retour de pareille dictature qu'ils annoncent !
C'est que l'improbable est en train de prendre forme : une entente entre les deux frères supposés ennemis que les délices du pouvoir réuniraient bientôt. Et ce n'est pas de n'importe quel pouvoir qu'il s'agit, tout simplement du retour en Tunisie de la dictature honnie.
Et, bien évidemment, Nida Tounes a bien des titres éminents en matière de service de la dictature, nombre de ses figures ayant fidèlement. incarné ses intérêts. Et les velléités autoritaires de Nahdha ne sont plus tues comme au début de la Révolution, osant de plus en plus se faire jour au nom de l'ordre et du prestige de l'État.
Comme en politique politicienne, il n'est nulle place aux sentiments, voici donc l'adepte ancien de la dictature et le nouvel adepte d'une nouvelle dictature qui mettent ensemble l'un son savoir-faire et l'autre ses ambitions pour un pouvoir fort, autoritaire, aux fins d'une entente stratégique leur permettant de se saisir du pouvoir qu'ils voudront fort, donc une dictature où seul l'ordre comptera, quitte à être celui des cimetières.
Est-ce pour étonner de la part du parti de Béji Caïd Essebsi quand on sait le désir fou de son chef de revenir aux commandes ? Or, il n'a jamais connu un type de pouvoir autre qu'autoritaire, sinon carrément dictatorial ! S'allier à un dictateur en puissance pour lui apporter son immense talent dans le service d'un État fort ne peut que tenter l'animal politique qu'il est, toujours attiré par le pouvoir.
Et ce n'est pas pour étonner non plus de la part du parti de Cheikh Ghannouchi qui tient à son parti monolithe réunissant quelques colombes et nombre de faucons; or, pour ceux-ci, seule compte la fin d'imposer à la société tunisienne son modèle religieux et moral. Aussi, comme ils ont toujours été assez proches des salafistes les plus extrémistes, ne manquant pas de connivence avec eux, ils ne peuvent pas ne pas fraterniser, pour arriver à leurs fins, avec le diable d'hier s'il leur garantit d'avoir l'ordre qu'il leur faut pour leurs fins.

Un Appel tunisien du 18 juin :

C'est bien plus que d'une hypothèse improbable qu'il s'agit; c'est une perspective des plus sérieuses et les tractations vont bon train en coulisse, même si cela continue, comme de bien entendu, de se passer de manière informelle. Et le 18 juin, le masque tombera en ce jour qui pourrait être, pour les vrais combattants au nom des principes démocratiques, un appel à l'assomption de leur destinée de servir les vraies valeurs de la Tunisie éternelle.
Qu'on se le dise donc et qu'on y réagisse au plus vite pour barrer la route à une dictature qui sera alors inévitable : toutes les forces vives de ce pays éprises de démocratie et de libertés doivent tout faire immédiatement en vue de consolider les acquis démocratiques du peuple afin de rendre plus difficile le retour annoncé de la dictature, sinon y barrer carrément la route.
Pour cela, il est impératif, comme ce fut le cas pour la Constitution, d'exiger de déclarer solennellement la caducité de tout l'ordre juridique actuel, les lois, décrets et règlements contraires aux libertés publiques, hérités de l'ancien régime et ayant été ipso facto abolis avec l'abrogation de la Constitution.
Que toutes les poursuites engagées sur la base de cet ordre juridique déchu et les affaires en cours attentatoires aux libertés soient immédiatement suspendues et annulées de nullité absolue ! Que des procédures urgentes de révision des jugements iniques soient immédiatement enclenchées !
Et que les véritables adeptes de la démocratie, les combattants authentiques pour les valeurs et les libertés cessent leurs divisions et dépassent leurs intérêts mesquins, s'alliant pour sauver notre jeune démocratie en péril. Qu'ils oublient ce qui divise pour se solidariser autour du seul combat qui doive les réunir, celui de barrer la route au retour de la dictature en Tunisie. Car elle est désormais en vue !